L'empire Pathé

Contenu du L'empire Pathé
22 mars 2024 par Adeline Weingaertner

Charles Pathé (1863-1957) découvre le phonographe de Thomas Edison en 1894. Il acquiert un de ces appareils et en propose l'écoute à la foire de Vincennes. Il abandonne rapidement cette vie de forain en ouvrant sa première boutique l'année suivante. 
En 1896, il s'associe avec son frère Émile (1860-1937) pour fonder la société Pathé Frères. Émile se spécialise dans le phonographe, tandis que Charles gère la partie cinéma. Les deux branches se séparent en 1918 pour devenir respectivement la Société des machines parlantes Pathé Frères et Pathé Cinéma.
Entre 1898 et 1906, c'est trois usines qui émergent, d’abord à Chatou où se trouve la fabrication de cylindres et de phonographes, à Vincennes pour le tournages de film, le développement des négatifs, et le tirage et coloriage des copies, puis à Joinville pour le tirage des copies, le montage, le teintage et le virage.
Dès 1904, ils ouvrent de nombreuses succursales à Moscou, New York, Bruxelles, Berlin, Vienne, Barcelone, Milan, ou encore Amsterdam. L'entreprise Pathé devient donc mondiale.
En 1906, les premiers disques Pathé à saphir remplacent peu à peu les cylindres :

Catalogue des disques enregistrés de 1907

Catalogue des disques enregistrés de janvier 1907

Pour réduire la position dominante de la firme française, Edison forme un trust de producteurs, la Motion Picture Patents Company en 1908. De plus, Pathé agrandit ses usines pour se spécialiser dans la fabrication de la pellicule nitrate puis ininflammable, détrônant le monopole détenu par l'américain George Eastman en Europe. En s’internationalisant, Pathé est fortement concurrencée et l'entrée de la France dans la Première Guerre mondiale en 1914 oblige la firme à s’adapter. Elle doit participer à l'effort de guerre et son pôle d’activité est déplacé aux États-Unis.
Pathé perd donc peu à peu sa place de leader mondial face aux américains et bon nombre de filiales étrangères sont liquidées. Pathé Cinéma se recentre sur la fabrication de pellicules et d'appareils cinématographiques.
C'est dans ce nouveau contexte qu'elle met au point deux appareils de projection à destination du grand public. Le premier, le Pathé-Baby est commercialisé à Noël 1922, ce qui en fait un succès marketing conséquent. Il est « petit, simple et bon marché » (275 francs). De la taille d'un jouet, 32cm, il est accessible même aux enfants. Son film ininflammable de 9,5mm est le plus étroit du marché, tout en offrant une bonne surface d'image sur la bande. Ces films de 9m de long sont des versions remaniées des classiques du cinéma pour convenir à un public familial. La lampe de 6 watts rend possible, quant à elle, un écran de 80cm.
Pour compléter son dispositif, Pathé lance en 1923 une caméra très compacte qui utilise un film inversible, ce qui permet d’utiliser le même support pour les prises de vues et la projection. C'est le coup d’envoi du cinéma amateur. Le Pathé-Baby connaîtra d'autres améliorations avec le Babycolor qui possède un disque permettant de teinter la projection en 5 couleurs différentes, le Super Pathé-Baby, qui permet la projection de films de 100m ou encore le Pathé Kid, un modèle encore plus réduit avec ses 25cm de haut.
 

Catalogue du Pathé-Baby de décembre 1923

​​​Catalogue du Pathé-Baby de décembre 1923
 

 Publicité du Pathé-Baby issue du Télégramme des Vosges du 26 janvier 1926

     Publicité du Pathé-Baby issue du Télégramme des Vosges du 26 janvier 1926
 

Le deuxième appareil, le Pathé-Rural est vendu en 1927 et est destiné à la petite exploitation dans les campagnes françaises.
Pathé n'abandonne pas complètement les tournages puisqu'est créée une nouvelle société de production et de distribution de films en 1921, la filiale Pathé Consortium Cinéma.

Publicité de Pathé Consortium Cinéma dans le Plan urbain et suburbain de Nancy (édition de 1945)

Publicité de Pathé Consortium Cinéma dans le Plan urbain et suburbain de Nancy (édition de 1945)
 

La société sera déclarée en faillite en 1936 avant de renaître en 1943 sous le nom de Société Nouvelle Pathé Cinéma. Après la Seconde Guerre mondiale, la firme se lance dans une politique de coproduction avec des sociétés étrangères (La Dolce vita de Federico Fellini, Le Guépard de Luchino Visconti,...). Pathé s'allie également avec son "meilleur ennemi", Gaumont, pour la gestion de leurs studios et laboratoires respectifs (Franstudio en 1947), ainsi que pour leurs réseaux de salles de cinéma (1970), la télévision étant un adversaire encore plus corriace. 
Le groupement Pathé-Gaumont sera démantelé en 1983 par les nouvelles lois anticoncentration, avant de refusionner en 2000, pour finir par le rachat des parts de Gaumont par Pathé en 2017 qui possède donc l'un des plus gros parc de salles du pays.

Publicité d'un cinéma Pathé (salle Déglin) dans le Plan urbain et suburbain de Nancy (édition de 1942)

Publicité d'un cinéma Pathé (salle Déglin) dans le Plan urbain et suburbain de Nancy (édition de 1942)

La mascotte de Pathé, le coq Charlie - en référence à Charles - était à l'origine l'emblème du phonographe, car « il chante haut et clair » :

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