Contenu du Histoire du chat : entre vénération et haine

Âge d'or félin

Il est bien connu que le chat a connu des temps de gloire incommensurable, notamment dans l’Antiquité avec le peuple Égyptien qui va jusqu’à lui dédier statuettes, peintures, sarcophages (on retrouve des chats momifiés auprès de leur maître), et même une divinité (Bastet). Ceci dit le Japon de l'époque vénérait tout autant ces petites boules de poils. En effet, le chat restait peu répandu en ces terres ce qui en fit un animal d'autant plus précieux et particulièrement apprécié des nobles, notamment de la famille impériale. Les empereurs qui se sont succédés entrenaient des liens profonds avec leurs chats, si bien que certains leur attribuaient des rangs honorifiques.

En ces temps, on reconnaît au chat de nombreuses vertus. Le chat est un animal propre : il fait régulièrement sa toilette, enfouit ses excréments, fuit les mauvaises odeurs… De plus, la chatte n’est pas vu comme un animal de luxure : elle ne prend pas de plaisir dans l’accouplement, au contraire elle souffre. Elle s’accouple cependant pour avoir des petits car la chatte est une bonne mère car elle aime ses chatons : elle prend soin d’eux et les défend contre les prédateurs. Si elle pressent un danger, elle les emmène ailleurs en les prenant un à un par le cou.

Si l'Antiquité aime le chat, il n’en reste que sa domestication se fera avant tout pour des raisons utilitaires. En effet, très vite le chat s’avère être le meilleur prédateur contre les rats qui s'attaquent aux récoltes en plus de propager les maladies, fait malheureusement oublié pendant une grande partie du Moyen Âge. C’est donc grâce à ses talents de chasseur que le chat doit son entrée dans nos maisons, un peu par la porte de service !

Diableries

Mais dès le début du Moyen Âge, les choses tournent court pour le chat. On lui trouve finalement de nombreux défauts :

  • Il semble connaître l’avenir en devançant les accidents et les catastrophes… sans pour autant nous alerter : c’est un hypocrite ;

  • Le caresser n’est pas chose aisée, lui mettre un collier encore moins : il est très farouche ;

  • Il voit la nuit, ce qui est plutôt le propre des créatures démoniaques comme le loup, le renard, la chouette ou la chauve-souris.

D'ailleurs, on dit que "ses yeux brillent dans la pénombre et semblent brûler comme de la braise". Or, la nuit, tout bon chrétien doit fermer les yeux et dormir. Et que font ceux qui ne dorment pas la nuit ? Ils se livrent à des activités malfaisantes, à des pratiques magiques, voire à des cérémonies hérétiques au cours desquelles on dénigre la croyance chrétienne. L’adoration de l’agneau est remplacée par celle du bouc ou d’un grand chat noir, véritables incarnations de Satan. Ces deux-là sont les vedettes du bestiaire des sorciers, pourtant riche de nombreuses créatures (corbeau, coq, crapaud, serpent…).

Contenu du Histoire du chat : entre vénération et haine
Contenu du Histoire du chat : entre vénération et haine

Au XIIIe siècle, une bulle papale décrète que les chats sont des serviteurs du Diable. Un siècle plus tard, une nouvelle bulle enfonce le clou en stipulant qu’il faut brûler les chats avec les sorcières car les chats sont leurs compagnons dans le Mal. Ils sont même susceptibles d’être eux-mêmes des sorcières métamorphosées ! Les histoires de femmes qui se transforment en chatte étaient courantes dans la littérature médiévale. On en trouve même des exemples dans le célèbre Marteau des sorcières.

Commence alors dans toute l’Europe une énorme campagne de chasse aux sorcières et aux chats. Durant cette période, la population massacra les chats jusqu'à leur quasi-extinction. Les gens chassaient les chats, les torturaient pour ensuite les tuer, souvent en même temps que leur maître.

On l’aura compris, le Moyen Âge n’aimait guère les chats : on s’en méfie, on les tient hors des maisons, on croit qu’ils portent malheur. 

Maltraitances

De ce désamour, naissent les mauvais traitements.

Tout d’abord, on porte un grand intérêt pour leur peau. Les chats possèdant une belle peau en sont donc victimes : ils sont capturés, écorchés et leur fourrure est vendue. D’ailleurs, certains étudiants de l’université de Paris jouaient de ça : ils plaçaient un dé dans la patte d’un chat et le faisaient lancer. Si le chiffre obtenu était supérieur au nombre d’étudiants, on nourrissait le chat, sinon on l’écorchait et vendait sa peau.

Outre sa fourrure, le chat pouvait également être chassé pour sa viande, mais seulement en temps de famine et de sièges. Il était alors vendu sous le nom de « lapin de toit ».

Enfin, le chat du Moyen Âge était si peu considéré qu’il était régulièrement sacrifié lors de réjouissances populaires dans toute l’Europe : 

  • En Belgique, le second mercredi de Carême, une fête avait lieu avec une grande procession qui se terminait par un jeté de chats du haut d’un beffroi. 

  • En France, on avait pour coutume de suspendre une ou deux dizaines de chats dans des sacs aux bûchers de la Fête de la Saint-Jean.

Contenu du Histoire du chat : entre vénération et haine
Contenu du Histoire du chat : entre vénération et haine

Les chats et la Peste noire

Cependant, au fur et à mesure que la population des chats diminuait, le nombre de rats augmentait. Cela va contribuer au développement des épidémies et à la diffusion de la peste à travers toute l'Europe. Au milieu du XIVe siècle, la Grande Peste va décimer près de la moitié des humains en Europe. C'est alors qu'on se souvint que les chats étaient les plus à même de repousser ces porteurs de maladies. On va donc vouloir de plus en plus un chat dans sa maison. Le félin sera alors dé-diabolisé et gagnera ses lettres de noblesse. Suite à cela, il deviendra petit à petit l’animal familier que nous connaissons. 

C’est d’ailleurs à partir de là que le chat fera son apparition dans les livres, notamment dans les illustrations marginales. Il y est souvent associé au singe pour leur malice commune, mais surtout à la souris (voir ci-contre). En effet le thème de la guerre entre les chats et les rats connaitra un succès durable à partir du XVe siècle, surtout après les ravages de la Peste noire.